Une rencontre nommée Glass

24/08/2015 23:06

Samedi 25 juillet : à 11h30 nous commençons le stop, après 20 minutes un couple d’allemand nous prend dans la benne de leur pic up. Ils nous ont fait faire 30 km et nous ont déposés à l’intersection pour Ai-Ais, notre prochaine destination.

Là, nous avons eu le temps de prendre de nombreuses photos de ce paysage vallonné et incroyablement sec, de lire, de manger, de recoller nos chaussures… en effet, nous avons attendu 5h et vu 5 voitures, dont 4 complètements pleines. Un couple sud-africain c’est arrêté pour nous transmettre leur compassion, mais aucune place possible pour nous dans leur véhicule. Durant notre longue attente, nous avons eu la visite du berger du coin. Il est venu voir ce que l’on faisait et a été très sympathique.

C’est tout naturellement qu’après ces 5h d’attentes et qui plus est à 17h30, que nous nous sommes rendu auprès de sa petite caravane délabrée posée sur ce vaste terrain aride pour demander l’hospitalité.

A ce moment, nous n’imaginions pas que cette soirée allait être la meilleure de notre voyage jusque-là.

Il se nomme Glass et nous a accueillis les bras ouverts. On a commencé par installer notre tente pas très loin de sa caravane. Il nous aide et nous dis à plusieurs reprise que nous sommes dans un endroit sécurisé et que c’est lui le Boss !

Il élève environ 600 moutons en totale libertés, il a trois chiens très maigres qui prouvent la pauvreté de cet homme. En plus de sa petite caravane et de son paravent en tôle, il y a une pompe éolienne qui remplit un bassin de rétention d’eau. Il a un petit enclos où il enferme les moutons qui reviennent autour de son lieu de vie.

Nous nous assaillons tous les trois autour de feu derrière son paravent. Il met sa marmite sur le feu, verse de l’eau avec un peu de lessive et commence à le nettoyer. Nous pensons alors que c’est pour cuire le riz que nous avons apporté pour le diner (nous transportons toujours un peut de riz pour ce genre de situation... histoire de ne pas arriver les mains vides). Il continu sa préparation en affutant son couteau sur une vieille brique… on se demande bien ce qu’il veut découper, n’ayant que du riz à manger…

Puis il dit à Vincent : « Papa, come with me ! »

Nous comprenons de-suite ce qui va se passer…

Ils vont tous-deux dans l’enclos à mouton, saisissent un animal et le sortent. Vincent tiens les quatre pates de la jeune brebis, Glass lui tien la tête ; lui tranche la gorge et lui brise la nuque. Tous cela c’est passé rapidement, consciencieusement et avec un grand respect. Petite pensée pour les végétariens… ;-)

S’en suit un cours sur la préparation de la bête (dépecer, vider) pour Vincent. Dans ce même temps je m’occupe du feu et de la cuisson du riz.

Après une petite heure, ils me rejoignent pour cuisiner. L’ambiance est amicale et très joyeuse. Glass boit beaucoup (cubi de rosé) et semble être très seul. Il se livre à nous : il a 42 ans, une femme et 8 enfants. Il travaille pour le propriétaire du terrain en tant que berger, ce qui lui permet de « gagner » sa vie. Il ne voie sa femme et ses enfants que durant les vacances scolaires car il habite trop loin de l’école pour qu’ils puissent vivre ensemble.

Il semble être heureux et à sa place dans ce vaste espace rocailleux avec ses bêtes, mais la solitude semble aussi être un fardeau. Sa joie est d'autant plus grande ce soir là puisque nous sommes c'est premiers visiteurs étrangers...

Son visage est tanné, très ridé, et ses yeux rouges causé par la fumée de son feu quotidien, il parait avoir 60 ans. Même sans le connaitre depuis longtemps, ce soir-là, nous pouvions lire la joie dans ses yeux, dans son sourire, dans sa façon de communiquer.

Le repas c’est passé à merveille, la viande était excellent et préparée avec amour par Glass et Vincent. Pour nous cette soirée fut un peu comme un soir de Noël : mouton, rires, histoires… Un moment familiale avec ce namibien connu depuis quelques heures seulement.

Glass parle plutôt bien anglais ce qui nous a permis de bon échanges. Il fait très froid la nuit dans cette partie du pays et en cette saison hivernale, le feu nous apporte chaleur, convivialité et quelques larmes douloureuses occasionnées par la fumée.

Apres le repas nous discutons puis je vais me coucher. Dans la tente, à quelques pas du feu, je peux entendre Vincent et Glass discuter, puis ce dernier chanter.

Quelques temps après, Vincent me rejoint et Glass continuera de chanter même après que nous aillions rejoints les bras de Morphée. Ses chants nous communiquaient encore d’avantage sa joie…

Cette soirée restera à jamais gravée dans nos mémoires. Autant de générosité de la part de quelqu’un qui ne possède pas grand-chose… Une vie simple, une vie vraie, que nous avons partagées pour une soirée…

La viande que nous n'avons pas mangée, Glass l'a accrochée dans son arbre frigo !! Plutôt étonnant mais le reste d'une ancienne bête y était déjà suspendu et à notre grande surprise ni mouche, ni moisicure. En effet dans cette parti du désert l'air est tellement sec et la nuit tellement glacial que très peu d'insecte y vivent... pas de mouches en tout cas! La viande se concerve tres bien, sèche pour devenir du biltong : viande séchée typique en Afrique du Sud et Namibie.

Le lendemain matin, après avoir plier nos affaires et pris un bon thé préparé par notre ami, nous prenons congé et retournons tenter notre chance à cette fameuse intersection que nous connaissons maintenant comme notre poche...

Extrait du carnet de voyage de Lucie.